MARCHE OU RÊVE
J’ai plus de souvenirs que si j’avais 20 ans. Le réel est-il trop laid, trop loin ou trop malin, pour que je puisse tuer pour quelques apéros, pour qu’en murmure s’éteignent mes héros. Le mensonge est langage, passe-droit, bagage. Le réel est-il trop laid, trop loin ou trop malin, pour que l’amour se donne sans se toucher, de loin, sans se promettre, se draguer, demi-visages de quais. Quand je repense au passé, aux heures qui n’étaient pas des heures, quand je repense aux animés-sacrifés, mon coeur en apnée voit double. La jeunesse se délaisse, le courage se contamine. Le réel est-il trop laid, trop loin ou trop malin, pour blâmer nos paires du deuil de nos pères, checker du coude sans voir que tu boudes, enfler des pantoufes de salle de bain. Quand je repense aux danses, aux joies, aux fêtes, aux liesses, aux laisses jusqu’aux prouesses, mon écran amoindrit mon champ: 33, je suis battue, 20, on m’applaudit. Le réel est-il trop laid, trop loin ou trop malin, pour que mon reflet du matin s’arrange moins, que même l’illégalité semble emprisonnée. Quand je repense aux rages de supermarchés, aux jouisseurs, infâmes aux yeux des sérieux, mon coeur siphonné voit double. Où est la la maman de Tom, celle des matins de crèche, celle qui parle du beau temps, et pas du temps perdu ?
Un peu de repos, mais 365 jours ? 135 cookies, 34 gâteaux, et personne à tâcher. Quand je repense à nous à pas d'heure, dociles d’ivresse, sur un coup de tête, partir à l'aventure ! La vie n'est pas un flm, c’est de la science fction...La maturité s'est présentée, les gens se sont regardés. Ils ont pensé : «Sommes-nous condamnés ? Pourquoi tout nous enlever ? Pourquoi tout retirer ? Mais pour protéger le monde, mes enfants...» Lassés de compter nos battements, nous voulions vibrer, au son des nôtres. Le café coulait comme le temps passait, dedans, la Peste avait quitté Oran. Aujourd’hui c’est long, demain c'est loin, mais demain, c’est la chute des murs, demain, les bonnes augures, dansant sous le soleil des monts et des merveilles, aujourd’hui c’est froid, demain la fête ! Je veux tapisser mes murs des photos de ton dos, de toi allongée, partout, jusqu’au ciel au marteau, je trouverai le moyen de me glisser dans ta peau, je veux les chaudes nuits d'été, toi, moi, libres, enlacés. Les jours de lumières de ville, j'ai vu le monde éclairer ma scène et sur tes lèvres renaître l’espoir et le rêve.